jeudi 26 février 2009

Sombre approche corporelle. (Sensuelle approche spirituelle)

Tes doigts,
Enduits d’une peinture aphrodisiaque,
Glissent lentement
Sur la toile encore vierge de ma peau,
Et dessinent longuement une silhouette…

Par tes doigts,
Je perçois les visages,
Ces formes,
Des couleurs qui prennent vie sur mon corps,
S’imprègnent de mon sang à l’aube de mon cœur,
Encore chaud,
Immensément rouge,
Dans lequel je me noie
Et m’éprends d’un tel plaisir
Que mes personnages se déforment
Et souffrent de cet âme
Qu’il m’est impossible de leur donner,
Que je ne peux reprendre,
Sentiments incontrôlables
Qu’il me faudrait oublier…

Dieu !
Rappelle tes fées désobéissantes
Car je m’engouffre dans ce trou immense
Et sans limite.
Je crie et te supplie,
Ô belle muse,
De retirer ces doigts de ma chair,
De mon esprit,
Qui, prit dans ce tourbillon désespérément présent,
Ne pourra résister.

Oui, je te supplie
De cesser ce jeu inhumain
Qui m’enlise dans un sable si doux
Que le pêché semble avoir si bon goût,
Et que sans lui
Je te demanderai de mettre fin à mon existence.

Ô Torture !
Continue
Et je ne réponds plus de mes actes,
Ni de mon âme,
Qui ne saura que se déverser
Devant toi,
A genoux,
Rejetant toutes mes joies et mes colères…
Et moi,
Rouge de honte,
Te retirerai alors la vision unique
De ton plus beau tableau.

Tu fais partie des regrets

J’ai dans les yeux, une clarté
Une ombre dans mon regard
Un cri sucré sous un soleil noir
Une larme de pluie d’été

C’est fou comme tout est flou
Ce sont mes peurs qui me trahissent
La pluie s’arrête et les larmes glissent
Mes yeux qui coulent le long de ton cou
Se ferment…

Ils se taisent et s’endorment
Mes yeux se tordent et marmonnent
Que malgré qu’ils se soient fermés
Tu fais partie des regrets.


J’ai dix orphelins qui oublient
Petit à petit l’empreinte de tes mains
La douceur de ta peau cristalline
Le souvenir du creux de tes reins

C’est dur de croire que tu es là
Quand c’est pas au bout de tes doigts
Que s’amusent à chuchoter les miens
Pour ne pas que tu les voies
Ils se replient…

Ils se taisent et s’endorment
Mes doigts se tordent et marmonnent
Que malgré qu’ils se soient enlacés
Tu fais partie des regrets.

Souvent j’ai douté de tes mots insensés
Les mendiants de tes yeux ont beaucoup supplié
Des pleurs, des rires, des gestes de tendresse
Des heures perdues par des flots de tristesse

J’ai posé dans le creux dans ma bouche
Tous ces mots depuis longtemps perdus
Les reproches qui avant me paraissaient si louches
Les silences dont je ne me sépare plus
S’amusent et s’apaisent…

Et se taisent et s’endorment
Les mots se tordent et marmonnent
Que malgré qu’ils soient défait
Tu fais partie des regrets.

J’ai récupéré dans mes mains
Quelques larmes tombées
De mes doigts, sur mes lèvres desséchées
J’ai retrouvé ces mots : remords et regrets
Et ils s’immergent

Ils se taisent et s’endorment
Mes doigts se tordent et marmonnent
Que malgré qu’ils se soient noyés
Tu fais partie des regrets.

Ils suffoquent et remontent
Ils se débattent et s’écrient
Que ma vie est enfin terminée
Et malgré que tu sois revenue
Tu feras toujours partie des regrets

Neiges d'automne

Le cri de celle(s)

Tu n’as pas vu

Le cri de celle

Qui se perd, étendue

Le long de tes mains

Sous l’appel de tes poings

Tu n’as pas senti

Au visage de celle

Dont tu t’es permis

D’ôter les rêves

Et d’attendre qu’elle crève

Tu n’as pas pu…

Il est six heures

La porte se ferme

la lumière s’éteint

J’écoute, le vide s’éloigne

Et le refus d’aimer

C’est pour mon bien

Je colle mon oreille

Sur ton sol sale

J’entends le son

De ta voix

Qui se dérobe

Sous le poids

De ta haine perdue

J’entends le son

De ma voix

Qui déraille

Et qui ne s’éteint pas

J’entends mon visage qui hurle

J’entends tes cris qui percent mes tympans

J’entends les femmes qui chuchotent…

Le cri de celles qui pleurent

Sur son visage s’abîme

Le poids aimant de tes mains…

Les coups de gueule qui prennent vie

Les coups d’état, les coups de poing

Les coups d’amour qui prennent la vie

Et aujourd’hui plus rien…

J’entends les visages qui hurlent

J’entends ces cris qui percent mon cœur

J’entends les hommes qui chuchotent…

Le cri de celles qui subissent.

La peur du sol qui se dérobe

Sous le poids

D’une main tendue vers ton visage

La voix

Déraille et s’éteint…

Six heures.

La porte est close

ton cœur s'inonde

La peur de toi,

Immonde

Une lumière,

Une pause

Ou tout juste un leurre.

Un frisson, la peur

Qu’on s’aperçoive

Que tout ça c’était du vent

Un bloc si haut

Depuis si longtemps

Ecrasée par les mots des uns

Détruit par les maux des autres

Quand celui qui crit

A oublié d’entendre…

J’entends le cri de celle

Qui part en claquant la porte

Te laissant seul, sans elle

Dans ta cellule glauque

J’entends les rires des marques,

Des entailles sur tes bras

En espérant qu’elles partent

Et qu’elles ne reviennent pas

Tu n’as pas entendu

Le cri de celle que tu aimes

Partir sans toi

Qui te désintéresse

De savoir pourquoi

J’entends au fond du cœur

Tes silences de fer

J’entends dans mes enfers

Le cri de celle qui meurt

elle (2ème partie)

La journée, elle travaille. Alors la journée, je pense.

J’accepte. Je renie. Je renonce. Je veux que tout ça change une bonne fois pour toute, et puis j’abandonne. A quoi bon ? Je me donne des raisons de tout quitter. Je m’inflige toutes les responsabilités possibles puis, je m’accuse. T’avais qu’à… au moment où… Et maintenant, c’est l’autre qu’elle convoite. Lui, il est vierge. Il est au-dessus de tout soupçon. Et il est là où tu devrais être si t’étais moins con.

Alors je pense à lui. J’imagine. Je transpose ce que j’ai vécu et je remplace mon corps par le sien. Mes mots dans sa bouche. Mes mains sur ses seins, sur ce corps qui m’appartient. J’entends ses pas monter les marches, je vois ses yeux toucher ses courbes, sa timidité lorsqu’il rentre pour la première fois dans ce lieu sacré. Je sens le poids de ses actes sur le plancher grinçant. Son visage conquis dans le miroir de glace. L’eau qui coule sur lui et ses mains qui osent alors qu’il n’est pas chez lui.

Comme tous les hommes jaloux, il me plait de l’imaginer comme étant une brute épaisse, sans attention à son égard et trop sûr de lui pour être crédible. Et tous les défauts fusent. Inculte, narcissique, méprisant, hystérique, prétentieux, sûrement de mauvais goût, un donneur de leçon, négligé et influençable, cartésien, insatisfait, moche, maniaque, alcoolique, drogué, donc violent et impuissant, vieux avant l’age, dominant ou dominé, parano, pleurnichard, solitaire, hypocondriaque et…

… et je me dis qu’il ne peut pas être tout ça. Que je le préfère sans aucun défaut. Non, sur ce type, il n’y a rien à dire. Il est très bien. Il passe partout et se fond dans la masse. Il est poli et très doux. Il est marrant et tendre à la fois. Il sait s’y prendre avec elle, sinon pourquoi ?

Et il me plait de me mentir qu’il est tout ça et que ça ne suffit pas.

*

Alors pourquoi ?

Un matin, je me suis réveillé à côté d’elle. Quand j’y pense, j’ai l’impression que c’était il y a une éternité. Comme si elle avait toujours fait partie de ma vie ou comme si je n’avais pas réellement existé avant de la rencontrer. C’était une nuit si différente, identique à la personne qui se trouvait ce matin-là dans mon lit. A bien y réfléchir, c’est moi qui étais dans le sien. Quelques secondes pour me rappeler la soirée. Quelques minutes pour culpabiliser. Quelques heures pour tenter d’oublier. En vain.

Je suis sorti discrètement du lit, posé mes affaires sur le coin de la table et j’ai attendu, mort de honte parce que vide de regret. Je venais de faire ce que tant d’hommes ont l’habitude de faire et pour la première fois, ça prenait un sens.

Le café fumant, j’ai fait tourner la cuillère dans le liquide sombre de mon esprit pour me demander qui j’étais. Le réveil allait sonner et j’appréhendais. Je suis devenu très lâche et cette lâcheté, il fallait que je la prenne à deux mains pour lui expliquer. Lui dire quoi, que la vie est parfois étrange, un désir par-ci, une envie par-là et voilà qu’on vit sa première nuit d’amour clandestine. Elle savait. Elle connaissait déjà ma vie et elle avait quand même accepté de passer la nuit avec moi. Pourquoi ? Pour se faire emporter par quelques sentiments futiles et éphémères.

Les nuits illicites ont perduré. Pendant des mois, sans question, sans lendemain, sans espoir. Sans savoir pourquoi je continuais à la voir à l’insu de la vie que je m’étais efforcé de créer. J’avais mon monde à moi, caché au fin fond de ma tête, comme une vengeance personnelle envers ce qui est normal. Contre la loyauté et la fidélité. Contre l’amour et l’amitié. Contre cette femme et contre la mienne.

A chaque fois, je me persuadais que rien de tout ça n’était possible. Je m’enfuyais et retournais vers mon amour trompé, cachant sous mes sourires quelques baisers inavouables. J’oubliais qu’elle existait, que nous avions fait l’amour quelques heures auparavant et que j'avais failli ne pas revenir.

Des mois durant, je me suis posé là, sans bouger, sans observer, sans apercevoir ce mal qui nous rongeait. Des mois à travailler, lever le rideau et finalement le baisser, ne laissant apparaître que les apparences, propres et linéaires. Les mots doux et sensés. Laissant la peur au vestiaire, me résignant à une nouvelle vie sans elles.

Elle était devenue le pilier principal de ma vie. Sans le savoir, c’était elle qui prenait les décisions à ma place. Des plus grands choix à la simple façon de m’habiller, je faisais tout pour lui plaire. Tout était fait en fonction de ce qu’elle pouvait penser de moi et pour rien au monde je n’aurais voulu la décevoir.

Petit à petit, les regards chez moi avaient tendance à s’éteindre. La gentillesse infidèle a laissé la place à de la lassitude, du manque, une rancœur envers celle qui, pour moi, était indirectement responsable de mes trahisons. Parce qu’elle n’avait pas su m’apporter tout ce dont j’avais eu besoin, j’étais allé voir ailleurs. Parce qu’elle n’avait pas su voir ce mal qui me rongeait et qu’elle semblait rester aveugle devant l’évidente trahison. Parce que j’étais trop lâche et que j’ai perdu de vue tout ce qu’elle aurait pu me donner si j’avais su l’accepter.

*

La première est partie, écrasée par le manque et la déception. Accablée par le refus et le rejet. Dépecées par la rage et la haine qu’elle ne pouvait plus exprimer.

La seconde, pour un autre qui savait l’aimer.
*


Il me semble qu’elle a toujours été là. Je suis ce qu’elle est. Une sorte de mimétisme. Je veux aimer ce qu’elle aime, détester les gens qu’elle méprise. Toujours être d’accord avec elle mais ne jamais lui montrer. J’aime tout en elle. Même ce que je n’aime pas chez les autres me fascine lorsque ça paraît chez elle. J’aime son visage, j’aime sa douceur. J’aime sa pudeur. J’aime qu’elle soit l’élément de comparaison quand je suis avec une autre femme. J’aime que ce soit la dernière personne à qui je pense quand je vais me coucher et la première lorsque je me lève. J’aime qu’elle s’impose à moi comme étant l’unique femme qui ne comptera jamais pour moi. J’aime son écriture qui, doucement, glisse sur ma peau les mots les plus tendres qu’il m’ait été donné de lire. J’aime son nom qui s’étincelle à chaque fois que je pense à elle et qui me brûle quand je ne peux le prononcer. J’aime que ce même nom n’appartienne qu’à ma bouche et qu’il sonne faux quand un autre l’appelle. J’aime la savoir seule au milieu du monde quand je ne suis pas là. J’aime me sentir perdu quand je ne la sais pas assez près de moi. J’aime qu’elle n’aime pas ce que j’aime plus que tout au monde. J’aime l’entendre dire qu’elle n’est pas belle pour pouvoir lui répéter sans cesse qu’elle l’est. J’aime qu’elle m’aime. J’aime qu’elle s’endorme sous mes doigts glissant sur son visage. J’aime l’érotisme de nos regards. J’aime ses yeux quand elle me regarde. J’aime son corps sensuel et désiré. J’aime la pureté de mon sexe quand il s’endort contre elle. J’aime ses gémissements quand nous faisons l’amour. J’aime que son plaisir soit si intense qu’il ressemble à de la douleur. J’aime le désir naissant à chaque fois que je la regarde. J’aime que ce même désir ne se tarisse pas quand nos étreintes s’achèvent. J’aime la douceur de ses caresses et de ses maladresses. J’aime la regarder sans rien dire. J’aime qu’elle se pose des questions quand je la regarde sans rien dire. J’aime rien faire avec elle. J’aime la savoir indépendante. J’aime avoir besoin d’elle à tout moment. J’aime parler avec elle. J’aime l’écouter me parler de tout et de rien. J’aime l’interrompre d’une de mes caresses. J’aime marcher derrière elle. J’aime qu’elle se repose sur moi comme si rien ne pouvait lui arriver. J’aime pouvoir répondre à chacune de ses questions. Je l’aime. J’aime comprendre pourquoi je l’aime. J’aime savoir qu’elle n’est pas parfaite. J’aime ses imperfections. J’aime qu’elle aime les miennes. J’aime fantasmer sur elle. J’aime la douceur de ses baisers. J’aime le grain de sa peau. J’aime l’odeur de son cou. J’aime penser que tout ce que j’ai dit est vrai. J’aime que le souvenir de tout ce que j’aime en elle ne soit pas qu’un souvenir. J’aime que tout ça soit gravé à jamais dans mon cœur et dans ma tête. J’aime qu’après son passage, ma vie ne soit plus jamais pareille…

lundi 16 février 2009

elle (1ère partie)

Je l’ai prise dans mes bras, ce soir-là. Ses yeux se sont doucement fermés sur une tonne de souvenirs qui semblait lui écraser la poitrine et qui l’attirait vers moi. J’ai senti une larme se perdre discrètement sur sa joue et venir se dissimuler contre une de mes mains, posée sur son visage. Je n’ai cessé, à cet instant, de ressentir le besoin de l’embrasser. De déposer un peu de moi sur cette bouche qui ne m’avait jamais réellement appartenue. Mais là, je voyais ce baiser presque inévitable. Un peu à cause de ces barrières qu’elle avait placées entre nous et qui me l’interdisait fortement. Beaucoup par élans d’amour qui ne faisaient que s’amplifier de jours en jours. Mais mes lèvres tremblaient. Peur de ce rejet qui aurait trahit ma fragilité si nouvelle à ses yeux et son amour déchu, trop présent par moment.



J’aurais aimé une dernière fois me plonger en elle, sombrer sans réfléchir aux conséquences et ne pas sombrer seul. Ce qui persistait nous rapprochait et nous éloignait en même temps. Les regards fuyants par peur d’aimer à nouveau. Des gestes maladroits. Des mains cherchant d’autres mains. Mes yeux à la recherche d’une trace invisible d’affection. Mon souffle imposé sur son visage. Mes mots fébriles mourant dans le fond de ma gorge. Paradoxalement, mon cœur ne s’était pas mis à battre la chamade comme les autres fois. Il avait cessé de s’emballer. Seule partie de moi consciente de ce qu’était devenu notre amour, parce qu’en première ligne. Il s’était juste calé sur le rythme du sien qui m’échappait et après lequel, je le sus à cet instant, j’allais courir toute ma vie.

Je la serrai fort entre mes bras. J’aurai voulu l’écraser, la faire entrer en moi, ne plus sentir que son corps contre le mien et faire disparaître le vide entre elle et moi et tout ce qui avait la prétention de nous séparer.

A travers ses cheveux éparpillés devant mon visage, j’entrevoyais d’un œil malade la porte d’entrée. Cette porte qui avait contribué à symboliser l’érotisme de cette maison. Tant de pulsions s’étaient créées en moi à la vue de ce simple morceau de bois qu’il m’était impossible qu’aujourd’hui, il se signifie plus rien.

Cette porte que j’allais franchir dans quelques jours pour laisser ce passé si pesant et si présent derrière moi.


Il y a peu, on montait les quelques marches de ce pavillon de banlieue, savourant chaque pas qui, n’étant ni trop lent, ni trop rapide, ne trahissait aucune envie de précipitation. Sans parler. N’écoutant que le souffle de la délicieuse ascension (ou du désir…?). Je montais derrière elle pour profiter de ce corps qui me tendait les bras sans en perdre une seule image, me retenant de la toucher. J’attendais. J’attendais qu’elle ouvre le premier verrou. Puis le second. Puis la porte… A peine le temps de jeter nos sacs et nos vestes souillées par la pluie et par trop d’attente, on s’empoignait, on s’enlaçait jusqu’à s’étouffer. On consommait notre amour à même le sol, se déchirant mutuellement de ce plaisir que nous semblions les seuls à comprendre. On s’excitait, on s’arrêtait pour se regarder, pour être sûr que l’autre était réellement là, puis on reprenait où tout avait commencé.

Des rêves et des morceaux de réalité s’immisçaient dans ces étreintes, des gestes, des rires et des pleurs jetés ça et là. Des mots inscrits dans nos yeux priant l’autre de ne pas se laisser aller trop vite. Ne jamais jouir. Ne jamais sortir de cette spirale diabolique qui ne devait en aucun cas se terminer.

J’aimais ces moments. Ils avaient pris place dans l’antre étendue de mes fantasmes. Et même si on les assouvissait régulièrement, ils revenaient me hanter de plus en plus souvent.

*


Je fixe cette porte pour éviter d’oser mon regard ailleurs. Chaque endroit de cette maison, chaque pièce, chaque meuble garde une trace indélébile de cet amour caché, de ces étreintes d’un soir ou d’une seule nuit. Ou d’un matin oublié.

Et tout en elle me dit non.

*



Je me réveille la nuit. Elle est seule, dans sa moitié de lit que j’envahis volontairement. Je force mes yeux à y voir clair dans ce noir intense où les siens sont clos. Je passe des heures à passer ma main dans ses cheveux, à caresser ses joues, son cou, son front et parfois un des mes doigts tente une légère approche vers cette bouche défendue et j’appréhende le refus de ces effleurements si doux, si tendres, si enclins à transmettre une nouvelle fois le désir qui brûle en moi et que je ne sais contenir.


Je m’endors après elle. Je me réveille avant. Je suis tous ses faits et gestes. J’écoute le moindre de ses bruits. Récolte son souffle, m’enivre de l’odeur de son corps, de la consonance de ses phrases, de la fausse candeur de son visage lorsqu’elle me voit la regarder.


Ça fait une semaine déjà que nous dormons ensemble, l’un à côté de l’autre, où quelques centimètres de drap blanc prennent l’allure de champ démesuré. Une semaine que j’ai cessé de mendier son amour. Qu’il ne fallait plus que je souffle sur ses braises pour rallumer son feu mais que je fasse attention de ne pas en oublier le mien. Et le mien commence à s’éteindre. Il se fane. Il se lasse de ces pas fais dans le vide sans jamais tomber.

*