jeudi 10 décembre 2009

Neiges d'automne (extrait)

Il tournait en rond depuis plus d'une demi-heure. Comme si quelque chose le perturbait. J'étais allongée sur le lit, à me demander ce qui pouvait bien le mettre dans cet état. Il s'est approché, les yeux vides et noirs et il s'est couché près de moi. De son doigt, il a couvert sa bouche pour me demander de me taire et de sa main il a entouré mes poignets pour les bloquer au-dessus de ma tête…

Je sens encore son souffle lourd et chaud percer mon chemisier pour se déposer sur mes seins et sur mon ventre. Ses mains me cherchent de tout bord et c'est ses dents qui me trouvent en mordillant ma peau de part en part, excitant la moindre parcelle de mon corps. Mes yeux se ferment et le noir devient étincelant, comme si des millions d'étoiles me pénétraient.

Il est en moi. Enfin, pas totalement. Il semble retenir son mouvement comme s'il ne voulait pas m'envahir complètement. Dans ces moments là, je suis comme déboussolée, hésitante, comme si le plaisir, aussi subtil qu’il puisse être, devenait une immense frustration de ne pas être immédiatement comblée. Lui, le sait et s’en amuse. Il me regarde fixement. Comme s’il cherchait à sonder les profondeurs de mon âme. Comme si mon corps n’était plus une barrière. Et cette indiscrétion m’est totalement insupportable. Pourtant, je ne résiste pas. Mes pensées commencent à se chevaucher et j’ai l’impression de me perdre dans le plaisir et la gêne. Il continue de me regarder tout en gardant la cadence. Il aime me déstabiliser. Sonder le monde dans lequel je vis, dans lequel je m’oublie et lui, il s’immisce de plus en plus et viole cette partie de moi, se l’approprie petit à petit. Son regard s’adoucie et me rassure. Je sens ma chair fondre, se remodeler pour pouvoir mieux l’envelopper et ne faire plus qu’un avec son corps.

Maintenant, il a creusé son chemin en moi. Il ne s’amuse plus. Peut-être s’est-il fait prendre à son propre piège. Son visage s’est fermé. Je ne le vois plus. Comme s’il souffrait de cette union. Moi, je savoure. Il bouge lentement comme pour se retenir, puis suspend son mouvement. Il part puis revient avec des arguments plus éloquents. Plus près encore. Je me sens envahie par une sensation étrange. Celle de ne plus avoir de corps. Celle de sentir mon âme s’élever et disparaître. Ce vide que je ressens se creuse de plus en plus. L’excitation ne fait qu’augmenter le désir. Le plaisir se manifeste par vague et je sens mes entrailles abriter une mer à l’approche de la tempête. Les vagues se succèdent, elles se rapprochent. Je voudrais hurler. La chaleur se fait plus intense, la lumière de ses yeux rougie. Un plaisir naît aujourd’hui là où ne vivait que douleur et peur. J’ouvre les yeux, mais mes pupilles sont tellement dilatées par la fièvre et la chaleur que je ne vois pas son visage. Le rythme de mon cœur s’accélère et me retrouver seule dans l’obscurité me panique. Mes gestes se font désordonnés et je commence à étouffer. Mes gémissements s’étranglent et se changent en sanglots. Je déteste m’abandonner ainsi. Et Gabriel a disparu.

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